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le 30 décembre 2016

CMA CGM sort le conteneur-vivier à homards

Grâce à l’innovation d’une PME provençale, le géant français, numéro trois du transport maritime, ramène les précieux crustacés pêches au Canada vivants, et non plus congelés. Une alternative idéale au voyage en avion.

ConteneurAquaviva

C’est une boîte blanche comme CMACGM en transporte chaque année des centaines de milliers. De l’extérieur, seule la mention «Aquaviva», peinte en bleu, distingue ce conteneur réfrigéré des autres. D’apparence banale, ce pavé de fer renferme pourtant une précieuse marchandise: 2800 homards vivants pêches au large du Canada, ils sont installés dans des alvéoles semblables à des casiers à bouteille et baignent dans leur eau de leur milieu naturel. Actuellement, 90% des homards importés du Canada sont congelés et voyagent dans des conteneurs. Les 10% de bêtes importées vivantes sont acheminées par avion. Mais ce mode de transport est loin d’être idéal pour les crustacés, qui voyagent dans des caisses, hors de leur biotope, près de 7% sont perdus avant d’arriver à destination.

La solution développée par CMACGM et la société PME provençale Emyg Environnement et Aquaculture permet une troisième forme de transport pour le homard. «Notre idée a été de remplacer la chaîne du froid par la chaîne du vivant afin d’exporter sur l’eau le savoir-faire que nous avions à terre», résume Giancarlo Fagiano, président-fondateur d’Emyg. La société, basée à Carnoux, à l’est de Marseille, emploie 16 salariés et réalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires… C’est 5000 fois moins que CMACGM! «Dès les premiers contacts, nous avons trouvé un intérêt commun», assure Giancarlo Fagiano qui a investi près de 2,5 millions d’euros pour le développement de ce conteneur innovant.

Il a nécessité quatre années de R&D et quatre versions du conteneur avant de parvenir à un résultat de conservation optimum. «Pour la dernière version, c’est un souci d’étanchéité qui s’est imposé», confie Alexis Michel, directeur de la branche transport réfrigéré de CMACGM. Le pavé de 20 pieds est composé de deux parties. L’une renferme une boîte étanche appelée tank; l’autre, au sec, accueille le matériel de purification et de réfrigération élaboré par Emyg.

Maintenue à température, l’eau est purifiée en circuit fermé. Acheminé par camion jusqu’au port de marchandises de Halifax, en Nouvelle-Ecosse, le conteneur prend ensuite la mer pendant une dizaine de jours pour rallier Rotterdam. La marchandise est ensuite livrée par la route aux importateurs de homards. L’acheminement d’un conteneur coûte environ 4000 euros. «Le transport de homards en avion coûte environ 3 euros le kilo. Nous le proposons à un prix équivalent, sachant que nous conditionnons le homard en plus grande quantité, du port de pêche jusqu’à l’importateur européen. Ce que ne peut pas proposer un transporteur aérien», vante Alexis Michel, qui met aussi dans la balance les meilleures conditions pour l’animal: «le taux de mortalité est quasi-nul. Dans le dernier conteneur, sur 2800 homards, 7 étaient mal en point et n’ont pas été mis sur le marché.»

À ce jour, trente conteneurs Aquaviva sont en service. L’objectif de CMA CGM est d’en mettre 600 sur les mers d’ici à trois ans.

«Cela ne révolutionnera pas le business model de l’entreprise, sourit Alexis Michel. Mais nous sommes attentifs à développer des niches à forte valeur ajoutée.»

L’armateur marseillais vise en particulier l’Asie, très friande de crustacés et de coquillages. «La technologie est adaptable aux langoustes, aux huîtres ou aux moules», souligne Alexis Michel. Le transport animal n’est pas le seul domaine dans lequel tente d’innover CMA CGM. Après le transport de fleurs voilà quelque temps, il mettra l’an prochain sur le marché un conteneur pour des produits pharmaceutiques comme l’insuline ou le plasma.

Par Guillaume Moralet

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